21 novembre

Takahashi, 24 ans, boulanger
J’étais dans les fourneaux. Le magasin était un peu plus loin, à 200 mètres. Je faisais des photos dans cette vieille rue commerçante de Shinjuku 6 chome et je suis passé plusieurs fois devant cette maison qui abritait les fours. Il y avait une odeur délicieuse de pain chaud qui a fini par me faire arrêter. A ce moment-là, Takahashi sortait pour contourner le bâtiment. Nous avons discuté. Comme je lui expliquais ma passion pour cette odeur, il m’a fait un signe de la main et m’a demandé d’attendre. Il est ressorti avec une baguette en me disant : « Cadeau ! » Il travaille tous les jours sauf le dimanche. Pour la photo, il a voulu montrer les pains de saison qui avaient des formes de cerfs, de Père Noël…

Cedric Riveau

20 novembre

Hiharu, 30 ans, infirmière
Charmante, joyeuse et vivante Hiharu. Nous avons passé un excellent moment ensemble grâce à son dynamisme communicatif. Hiharu sortait d’un massage d’une heure dans un salon de Kagurazaka tenu par une amie. Avant cela, elle venait de terminer un service de nuit et allait à la station de métro pour rentrer chez elle. Malgré donc une nuit de travail, un maquillage à la va-vite et le fait de ne pas du tout aimer être prise en photo, elle a accepté. J’ai failli la prendre dans mes bras pour la remercier. Elle travaille dans le CHU des femmes, juste à côté de chez moi. Hiharu est originaire de Kyushu de parents qui s’occupent d’un sanctuaire shinto. Original. Elle vient de la province de Saga où « il n’y a que dalle ! » Quand elle était au lycée, elle allait tout le temps à Fukuoka pour retrouver la civilisation. Alors depuis qu’elle est à Tokyo, un peu plus de 11 ans, elle est très heureuse. Elle a un petit ami qui n’est pas très chaud pour se marier encore et Hiharu s’impatiente. Elle sait qu’elle veut trois enfants afin d’être entourée et de pouvoir se promener avec eux tous ensemble. Très intéressée par tout ce qui est culturel, elle a tenu à avoir un carton de mon exposition de photos pour s’y rendre dès son prochain jour férié. Cela faisait vraiment plaisir.

Cedric Riveau

19 novembre

Seiran, 19 ans musicien
Déjà, les cheveux rose fluo, ça se voyait bien et quand je me suis approché, j’ai aussi remarqué les lentilles de couleur bleu roi, tout aussi voyantes… un sacré contraste ! Il était 10h30 du matin et Seiran allait répéter avec son groupe. Apparemment, c’est sérieux. Il a arrêté les études pour cela. Il a fini le lycée et se consacre désormais à la musique. Avec son groupe, il joue de la musique d’anime, de séries. Lui fait de la guitare électrique. Il sortait de chez lui et se dirigeait vers la salle de répétition. Seiran avait l’habitude de poser devant un objectif.

Cedric Riveau

18 novembre

Voilà bien longtemps que je n’étais pas allé à Akihabara qui devient de plus en plus policé, c’est à pleurer. Enfoiré d’Ishihara, roi de la normalisation.
Sur les sept rencontres du jour, en voici deux, tout aussi représentatives de ce quartier qui compte son lot d’otaku.

Yuta, 22 ans, salarié
Il sortait d’un magasin de figurines et en avait acheté trois. Je lui ai demandé de sortir celle qu’il préférait et de la tenir dans ses mains. Il s’agissait d’une jeune femme à la tenue ultra-sexy, vaguement déguisée en chat, issue d’un anime que je ne connaissais pas. Yuta travaille déjà dans l’ingénierie et réalise des pièces via CAD. Malheureusement, pour le moment, l’usine est en réfection et il fait plutôt un boulot de secrétariat. Je pense aussi qu’il n’a pas voulu m’avouer qu’il est encore en stage car il est très jeune et est sorti de son école professionnelle il y a peu. Il vient relativement souvent à Akihabara. Bien qu’il avait trois figurines dans son sac, il m’a dit que sa chambre n’en comptait pas beaucoup… mais son vrai dada, c’est les jeux sur PS3. Ça, c’est tous les jours ! Il est originaire de Kyoto mais vit à Tokyo depuis l’école primaire.
Cedric Riveau

Yuji, 26 ans, IT
J’ai découvert un marché aux puces à Akihabara après 11 ans passés à Tokyo… C’est Yuta qui m’en a parlé et j’ai couru après l’avoir quitté. J’y ai fait de belles rencontres dont celle de Yuji qui tient un étalage de figurines, dvd et autres produits dérivés du monde des anime à chaque fois qu’il y a une brocante à Akiba. Il fait cela depuis un an et demi et a l’air de s’éclater. Dans les faits, il est programmeur du lundi au vendredi. Il vient d’Iwate mais vit à Tokyo depuis longtemps. La maison de ses parents a un peu souffert du séisme du 11 mars mais l’essentiel est que ses parents soient toujours vivants.
Cedric Riveau

17 novembre

Shuichi, 41 ans, professeur
Shuichi marchait sur les cerisiers de l’automne en ce samedi matin vers 9h. Il allait à l’université de Hosei juste derrière moi. Normalement, le week end, il ne travaille pas mais il y avait une réunion spéciale et il devait s’y rendre mais avait pu s’habiller de manière décontractée. Justement, nous discutâmes de cette fameuse marque de vestes canadiennes puisque j’en avais aussi une. Il est professeur d’anglais. Shuichi est originaire de Gunma mais vit à Tokyo depuis longtemps déjà. Il était très sympa et détendu.

Cedric Riveau

16 novembre

Tanaka san, 69 ans, retraité
Je l’ai aperçu de dos avec ses deux chats. Enfin deux chats dont il s’occupe dans le parc de Toyama. Tanaka san vient pratiquement tous les jours, du moins quand le temps le permet. Il s’était mis au soleil et les chats faisaient une sieste (en fin de matinée) avec lui après avoir mangé. Pas spécialement malheureux les chats car plutôt assez gros. L’un d’eux était assez sauvage et est parti en me voyant arriver. Je me suis platement excusé auprès de Tanaka san qui m’a dit que ce n’était rien du tout, qu’il était un froussard, le contraire exact de celui qui était resté. Tanaka san est un ancien peintre en bâtiment. Il est à la retraite et ne travaille plus. Il passe des journées tranquilles. Baigné par cette belle lumière de novembre, au milieu des feuilles mortes, je lui ai demandé de ne surtout pas bouger quand il s’apprêtait à se lever après avoir accepté d’être pris en photo. Il était adorable.

Cedric Riveau

15 novembre

Naoko, 36 ans, designer
Naoko est repartie avec ce même immense sourire, tellement heureuse d’avoir été prise en photo. En me quittant, elle m’a dit que c’était la première fois qu’on lui demandait et que cela lui avait fait très plaisir que je le fasse. J’étais aussi content qu’elle ! Ce qui m’a attiré chez elle, c’est sa tenue. Son manteau coordonné à sa chemise, sa veste en cuir, ses chaussettes… tout y était. Elle sortait du bureau et allait déjeuner. Naoko travaille dans une entreprise qui fabrique divers objets en tout genre. Elle est originaire de Kanagawa mais habite à Tokyo depuis 15 ans déjà. Son passe-temps favori est de chercher des petits objets mignons dans les magasins et plus particulièrement des chats. Sinon, son designer préféré est une femme qui s’appelle Lisa Larson, une artiste suédoise (que je ne connaissais pas).

Cedric Riveau

14 novembre

Mayumi, 58 ans, femme au foyer
Adorable Mayumi qui allait faire des courses en tirant son caddie. Elle a d’ailleurs voulu le mettre de côté mais je l’ai repris et mis au milieu de cette petite rue de Yotsuya pour lui indiquer son emplacement et son outil. Bien qu’un peu honteuse, elle fut absolument ravie que je lui demande de poser. Mayumi est originaire de Saitama mais vit dans ce quartier de Tokyo depuis des années et des années. Son visage s’éclaira lorsqu’elle découvrit que j’étais français. Elle n’y est jamais allée mais sa fille est apparemment fan du pays et y va tous les ans avec son mari. Justement, au moment de la rencontre, elle s’y trouvait. Son envie de s’y rendre n’en fut que plus attisée.

Cedric Riveau

13 novembre

Uchida san, 67 ans, édition
Avec sa bonne tête et son béret, il m’a sauté aux yeux en pleine rue de Kagurazaka. Très mignon et surtout dégageant une aura très positive, il a tout de suite accepté bien que nous étions en plein milieu de la rue, qu’il y avait des gens un peu partout et qu’il se rendait au travail. Je lui ai promis de ne pas lui prendre trop de temps. Il avait été voir un client et retournait au bureau. Il avait fini de déjeuner. Uchida san est né à Okayama mais il a grandi à Osaka. Et il vit à Tokyo depuis plus de 35 ans. Bref, un parcours intéressant. A 67 ans, il travaille encore et il me dit qu’il ne savait pas quand il pourrait prendre sa retraite. J’étais impressionné mais il m’avait l’air en forme.

Cedric Riveau

12 novembre

Kimikazu, 44 ans, directeur artistique
Kimikazu allait voir un client. Il n’avait pas beaucoup de temps et c’était bien dommage car j’ai eu une très bonne impression en le voyant et en discutant un peu avec lui et j’ai bien cru que c’était réciproque. Il travaille dans la publicité et réalise le design, le graphisme et les installations que ce soit pour des spots télé ou bien sur papier. Il a tout de suite reconnu mon appareil photo de loin alors que je sortais de sa housse. Cela m’a surpris. Lui-même est équipé du X100, le modèle juste avant. Il était vraiment très sympa et dynamique. Il est originaire de Kumamoto à Kyushu.

Cedric Riveau

11 novembre

En ce jour du festival de jazz de Shinjuku 3 chome, j’ai fait de superbes rencontres et de beaux portraits. Comme l’année précédente, l’ambiance était grandiose et les musiciens excellents ! Parmi toutes les rencontres, en voici deux.

Haruka, 26 ans, musicienne
Nous avons beaucoup discuté. Elle fait du trombone depuis 10 ans. Celui qu’elle avait pour cette occasion, elle l’avait acheté à la Nouvelle Orléans où elle est déjà allée quatre fois. Il s’agissait d’un trombone pour l’extérieur, plus puissant. Elle fait des concerts avec son groupe qui porte un nom étonnant : Khachaturian, un compositeur de musique classique du XXe siècle. Des amis d’un autre groupe s’étaient nommés « Chopin » aussi avaient-ils voulu prendre le nom d’un compositeur. Amusant. Haruka est aussi allée deux fois à Paris et nous avons parlé de la fête de la musique que je lui ai longuement recommandée. Elle vient au festival de jazz chaque année depuis 5 ans.
Cedric Riveau

Negishi san, 58 ans, salarié
Plein d’énergie, plus dynamique que moi, Negishi fan dirige la fanfare qui défile chaque année dans les rues de Shinjuku pour le festival. Il venait de terminer un gig avec son groupe, un peu avant le défilé justement. L’ambiance avait été grandiose et tout le monde dansait dans la rue. Le reste de la semaine, c’est un salarié « classique » comme il dit lui-même. Il vient de Tokyo et participe au festival chaque année. L’année dernière, je l’avais déjà pris en photo alors qu’il défilait.
Cedric Riveau

10 novembre

Ichiro, 18 ans, étudiant
Ichiro se rendait à l’université en ce samedi matin. Il était 9 heures. Il semblait avoir froid. J’ai beaucoup aimé son style. Il est passé devant moi alors que je prenais des notes de la rencontre précédente. Ichiro étudie la psychologie, ce que j’ai trouvé impressionnant, sans doute beaucoup plus que lui. Pour le moment, il ne sait pas encore très bien ce qu’il veut faire plus tard. La réflexion est en cours. Il vient de Saitama où il habite. Il sortait donc de la station de train et se rendait à Hosei qui n’était pas loin.

Cedric Riveau

9 novembre

Takeyasu san, 78 ans, retraité
– Hein ?! Quoi ?! Une photo ?!
– Oui, oui.
– De moi ?!
– Oui, oui.
– Vous êtes sûr ?
– Oui, oui.
– Avec cette tronche ?!
– Oui, oui.
– Dans cette tenue ?!
– Oui, oui.
– Vraiment ?!
– Oui, oui.
Takeyasu san n’en revenait pas. Quel était cet uluberlu qui voulait sa photo ? Sans doute une première pour lui et sans doute ne lui était-il jamais venu à l’idée qu’on puisse le prendre en photo un jour. On a bien ri de la situation et il était content et heureux que je lui demande. Il sortait de chez lui et allait faire une course avant de se rendre à un hôpital où se trouvait un ami. Rien de bien grave mais il allait le voir pour lui faire plaisir. Takeyasu san habite à Tokyo depuis plus de 50 ans et il est originaire d’Iwate. Il a travaillé comme salarié dans le bâtiment. Maintenant, il profite de sa retraite pour passer des journées tranquilles. Il m’a même sorti une carte de fidélité pour me montrer les caractères chinois de son nom. Son prénom est Kon et s’écrit avec le caractère de l’or.

Cedric Riveau

8 novembre

Tomoko et Miku, 18 et 19 ans, étudiantes
Les deux copines se baladaient à Ikebukuro et cherchaient un restaurant précis pour déjeuner. Je les ai d’ailleurs croisées après, le nez dans le portable ou en l’air pour trouver l’endroit en question. Elles sont dans la même école et étudient la mode. Pour l’avenir, elles se demandent vraiment si elles ont envie de travailler dans le vêtement. Tomoko vient de Hiroshima et Miku de Tokyo. Tomoko, à gauche sur la photo, était très dynamique et drôle. Elle s’essayait à l’anglais, et au français, dès qu’elle pouvait. Généralement un seul mot. Nous avons bien ri.

Cedric Riveau

7 novembre

Otsuka san, 86 ans, retraité
Il avait l’air d’attendre sur le trottoir, à côté de cette haie. Otsuka san tenait un sac en plastique avec deux verres de saké qu’il a tenu à poser. Il en boit tous les jours. Il était venu voir quelqu’un et se préparait à repartir chez lui. Il habite à Saitama où il est aussi né. Otsuka san fut fonctionnaire et maintenant, il ne travaille plus, il profite de ses journées tranquilles chez lui ou en balade. Il a tout de suite accepté de poser pour moi. Un homme sympa et simple.

Cedric Riveau

6 novembre

Kenji, 50 ans, sécurité de chantier
Ni la pluie ni la fraicheur des derniers jours ne le gênaient. Imperturbable. « Mais non, mais non, il ne fait pas froid ! » me dit-il en me voyant grelotant, frigorifié jusqu’aux os en raison de l’humidité insupportable de cette journée noyée dans le brouillard. Un camion nous a interrompu. Il s’est éloigné pendant quelques minutes puis est revenu à son poste où je l’ai pris en photo mais nous avons tout de même pu discuter un peu. Kenji vient de Tokyo et fait ce travail depuis deux ans.

Cedric Riveau

5 novembre

Mariko, 27 ans, mariages
Mariko ne travaillait pas. Elle était off ce jour-là. Pourtant, elle était en repérage pour son boulot. Un couple allait se marier dans un endroit juste à côté de là où nous avons fait la photo et Mariko était venue voir le lieu, où il était situé exactement à Minami Aoyama. Elle travaille pour une de ces nombreuses entreprises qui organisent et planifient les mariages et les cérémonies qui vont avec. Elle est originaire de Shimane mais vit à Tokyo depuis 10 ans. J’étais fier d’être son aîné dans ce domaine et nous en avons bien ri. Je l’ai aperçue de loin avec son petit manteau adorable qui m’a beaucoup plu. Ceci-dit, elle ne se souvenait plus où elle l’avait acheté et la marque… ou peut-être a-t-elle préféré ne pas me le dire. Nous nous sommes très bien entendus et sommes restés un bon moment à discuter ensemble.

Cedric Riveau

4 novembre

Jo et Arika, 28 et 29 ans, guitariste et graphiste
L’un et l’autre tenaient à me donner leur surnom et non leur vrai prénom. Bon. Une chose était sûre, au milieu de cette galerie marchande de Koenji, ils étaient facilement repérables. Tous les deux sont originaires d’Osaka mais vivent à Tokyo depuis quelques temps déjà. Ils sortaient de chez eux pour aller prendre le train et se rendre à Shibuya où ils allaient se promener, faire quelques boutiques et éventuellement prendre un café quelque part. J’adoré la chemise de Jo. Ils étaient plutôt sympa.

Cedric Riveau

3 novembre

Tatsuro, 27 ans éleveur
Pour le festival Jidai de Tokyo à Asakusa en ce jour de la culture au Japon, Tatsuro donnait un coup de main aux organisateurs, distribuait le journal gratuit qui présentait l’événement. Il fait cela de temps en temps mais ce n’est pas son véritable travail. Quand il me dit qu’il était éleveur, j’ai pensé aux chiens, aux chats… Non, des reptiles ! Je lui ai demandé de confirmer deux fois car je ne m’y attendais pas pour la première fois et parce que je pensais avoir mal entendu le deuxième fois… Voilà qui était pour le moins original. J’aurais aimé discuté davantage avec lui mais un des organisateurs est venu le chercher pour lui demander d’aller distribuer ses journaux.

Cedric Riveau

2 novembre

Maeda san, 65 ans, construction
Maeda san m’avait repéré en train de prendre en photo une femme dans la rue perpendiculaire à celle où il se trouvait. Je l’ai vu par la suite derrière son camion pendant que je prenais des notes, à me lancer des coups d’oeil en permanence, sa curiosité prenant le dessus de sa timidité. Je finis donc par aller le voir et lui demander son portrait. Il refusa bien sûr, par timidité, il avait honte. J’ai insisté car j’adorais sa tronche devant ce tas de bois qui venait de la maison qu’il était en train de détruire, lui et trois autres collègues. Maeda san a de gros problèmes d’audition. S’il a un appareil dans son oreille droite, il met un ticket de caisse dans l’autre pour faire office de sonotone… étonnant mais amusant. L’homme vient de Kyushu et j’en ai profité pour sortir mon speech habituel sur cette région que j’affectionne particulièrement. Il était très content d’avoir posé.

Cedric Riveau