Le projet 366 – The project 366

Cedric Riveau
[English below]

MAJ au 31 décembre 2012: total de photographies prises depuis le 1 janvier : 1516

À la rencontre de son prochain
On ne cherche pas à savoir si notre voisin dans le métro est un grand scientifique ou un passionné de danse, si cette femme qui passe a des lunettes de soleil parce qu’elle se donne un genre ou bien si elle fait de la télévision.
J’ai donc décidé de m’intéresser aux gens que je croise dans la rue, les interpeller et leur demander s’ils sont prêts à discuter cinq minutes avec moi après avoir fait leur portrait. Le monde qui nous entoure est composé d’hommes et de femmes qui sont prêts à raconter un pan de leur histoire si tant est qu’on s’intéresse à eux. Ainsi, ajouter des confidences à un portrait m’a semblé former un ensemble solide qui donne un petit aperçu de ces inconnus qu’on croise.

Les portraits se font au hasard complet des rencontres sur mon chemin.

Au début de mai 2011, peu de temps après le séisme de Tohoku, l’idée m’est venue en prenant le chef d’un restaurant que je ne connaissais pas mais dont j’aime bien l’endroit et les plats. Une fois la photo prise, j’ai discuté avec lui et il m’a raconté son histoire, comment il en était arrivé jusque là, comment il avait ouvert son restaurant, etc. L’idée de faire cela au quotidien est venue très rapidement après.

Il m’a fallu environ quatre mois pour trouver ma manière de procéder : cadrage, choix des modèles, questions à poser.
– Pour le cadrage, le plan américain m’a semblé rapidement le mieux adapté pour mettre le modèle dans l’environnement où je l’avais trouvé et pour ne pas trop m’éloigner de lui.
– Pour les modèles, j’ai volontairement choisi de ne prendre en photo que des Japonais.
– Pour la discussion, j’ai défini un minimum de quatre questions que j’essaie toujours de poser : le nom, le prénom et l’âge, la profession, l’origine et la raison pour laquelle la personne se trouve à cet endroit-là.

La démarche est toujours la même : j’aborde la personne en lui présentant mon projet, je lui demande si elle accepterait d’être prise en photo, je la place dans l’environnement où je l’ai aperçue puis nous discutons pendant que nous remplissons le document de droits à l’image. Des rencontres quotidiennes, j’en choisis au moins une que je rédige le jour même.

Le projet s’est terminé le 31 décembre 2012. Je souhaite avoir un minimum cohérent de portraits sur une année complète dans l’idée de réaliser un livre de 366 portraits avec leur histoire, soit une année complète qui suit les saisons, le calendrier et les événements. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, je photographie des personnes chaque jour sans discontinuité. Il n’est pas question pour moi de déroger à cette règle un seul instant, ce que je fais depuis mai 2011.
Sur ce site, je présente chaque jour une personne, une de celles qui n’apparaîtra pas dans le livre que j’aimerais faire. Chaque jour de nouveaux membres viennent suivre le projet et mon site personnel est lu par une moyenne de 14.000 visiteurs mensuels en augmentation. Sur les réseaux sociaux, par mail ou sur le blog lui-même, les retours des quatre coins du monde sont unanimes. Les visiteurs sont impressionnés par ma pugnacité et demandent plus d’histoires et de portraits.

Au 31 décembre, je cumulais un total de 1516 portraits et plus de 400 histoires rédigées au total.

Mon idée serait de publier un livre afin de présenter un visage authentique (loin des clichés) de Tokyo au gré des rencontres, des jours et des saisons. Dans l’idéal, il contiendrait 366 portraits accompagnés de leur histoire.
L’idée de faire une application pour téléphone intelligent avec l’ensemble des por- traits me semble aussi une piste à explorer.

ENGLISH
Update on December 31th, 2012 : number of pictures since January 1st : 1516

Meet you neighbor
You don’t usually try to find out if the person sitting next to you in the subway is a renowned scientist or a dance freak, whether that lady walking by is wearing sunglasses for stylish effect or because she is a television personality.
So I decided to turn my attention to the people I come across in the street, to stop them and ask whether they were prepared to chat with me for five minutes with me after getting their portrait taken. The world around us is filled with men and women ready to tell a chapter of their life stories if someone takes an interest in them. It seemed to me that combining shared confidences with a portrait was a way to make up a solid whole, providing a small glimpse into the lives of these strangers we come across.

These portraits are taken completely randomly, depending on whoever comes across my path.

At the start of May 2011, shortly after the Tohoku earthquake, I came up with the idea of taking the photograph of the chef of a restaurant – someone I didn’t know personally but whose venue and dishes I really enjoyed. After taking the photo, I spoke with the chef and he told me his story: how he got where he is today, how he opened his restaurant, and so on. The idea of continuing this project on a daily basis emerged very soon afterwards.

It took me around four months to determine how I would proceed: framing, choice of models, questions to ask.
Framing: the three-quarter shot struck me as the best adapted for placing the model in the environment in which I initially spotted her/him and for not being too far away from her/him.
Models: I deliberately chose to only take photographs of Japanese people.
Questions: I defined a minimum of four questions that I always attempt to ask: surname, first name and age, profession, origins, and the reason why the person is in that spot today.

My strategy is always the same: I approach the person and outline my project; I ask whether s/he agrees to be photographed; I place her/him in the environment where I caught sight of her/him; we then talk together while we fill in the image rights document. From these daily encounters, I choose at least one that I write up on the same day.

The project is currently underway and will terminate on December 31, 2012. I would like to have a coherent minimum number of portraits over a one-year period, with the aim of producing a book of 366 portraits accompanied by the stories behind them, in other words, covering a full year following the seasons, the calendar, and events. Rain, wind or snow, I unfailingly take photographs of persons every day. It is out of the question for me to bend this rule, and I have been following it ever since May 2011.
On this website, I present one person per day – one of the portraits not intended to appear in the book I would like to publish. Every day, new members join to follow my project and my personal web site is currently read by an average of 14,000 monthly visitors, and rising. Via social networks, email, or the blog itself, feedback from the four corners of the world is unanimous: Visitors are impressed by my pugnacity and demand yet more stories and portraits.

On December 31st, I had a total of 1516 portraits and over 400 stories written up.

My idea, as far as possible, is to publish a book that would present one true face (far from clichés) of Tokyo according to encounters, events or seasons. A book containing 366 portraits with each story would be ideal.
The idea of creating also an application for smartphone is also a possibility I am willing to explore.

13 thoughts on “Le projet 366 – The project 366

  1. Pingback: Le projet 366 | Photography - Street - Portrait | Scoop.it

  2. Un projet très intéressant 🙂
    J’ai hate de voir la suite et j’attends avec impatience la sortie du livre et de l’application.
    Petite question techique: quel est l’equipement utilisé le plus souvent lors de ces prises de vue ? 🙂
    Congratulations et bon courage pour votre superbe travail!

    • Il va falloir se remonter les manches pour le livre. Toutes les corrections et puis trouver un éditeur… hum hum
      J’en avais trouvé un qui a finalement fait marche arrière… dur !

      J’utilise le Fuji X-Pro 1, excellent appareil pour ce genre de photo.

  3. Je pense que ton livre pourrait tranquillement avoir sa place sur le marché. Moi, en tout cas, j’aimerais bien en avoir une copie s’il existait déjà. Ca change des livres de photos sur le Japon déjà dans le commerce.

    Pour l’appareil photo utilisé, je me demandais justement si tu utilises une camera discrète et non un reflex qui peut en effet « faire peur ».
    Le X-Pro 1 est vraiment un appareil superbe.

    Merci de ta réponse et de ta disponibilité. J’ai ajouté ton site à mes favoris et Google Reader via le RSS! 🙂

  4. Peut-être l’éditeur de « Freshfruits » , TASCHEN ?
    Ce serait intéressant qu’ils accordent un regard Français sur ce thème.
    …ou discuter avec M.Picquier
    (voir http://japon.aujourdhuilemonde.com/philippe-picquier-un-editeur-qui-fait-decouvrir-lasie-au-public-francais-1)
    ou M.Rocher
    http://www.jprocher-editeur.com/pages/delacourcelle-goutjapon.html
    ….les portes ne manquent pas pour le talent, il suffit de se tromper qq fois, de franchir des murs, de provoquer les rencontres « improbables »… Quelle que soit le chemin, les petits cailloux blancs sont partout…

    • Val, merci pour ton message.
      Je suis à la recherche de suggestions. J’ai bien évidemment pensé à Piquier en raison de son intérêt pour le Japon. Ce dont je vais avoir besoin, ce sont des noms de personnes à contacter directement.

  5. C’est fini? 😮 Vivement que le livre sorte, je l’achèterai sans aucun doute.
    En tout cas ce projet était vraiment génial, merci beaucoup !
    (À vrai dire c’est le genre de chose qui me donnerait envie de me mettre à la photo et d’aller au japon).
    Tiens nous au courant sur la sortie prochaine du livre !

  6. C’est tout simplement fabuleux ! Les gens sont fabuleux ! J’ai commencé par le petit gamin du 30 novembre et j’ai hâte de tous les voir et tous les lire. J’hésite : un par jour ? plusieurs ? ordre chronologique ? au hasard ?
    Tout ça m’évoque la phrase de Jean Bodin que notre prof d’Histoire nous sortait tout le temps au lycée : « Il n’est de richesses que d’hommes. »
    Merci Cédric,
    A+
    fx

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