2 septembre

Shotaro et Eriko, 22 ans, vendeurs
Ils allaient déjeuner et n’avaient pas beaucoup de temps. Quand j’ai expliqué que je voulais les prendre en photo, Eriko s’est écriée : « On est le couple du jour ?! » Pas question de la décevoir et d’une certaine façon, c’était bien ça. L’un et l’autre n’avaient pas peur de l’objectif et faisaient les idiots. Ils travaillaient (dans un grand magasin à côté) et n’avaient pas beaucoup de temps. Eriko me proposa de venir déjeuner avec eux pour continuer la discussion. J’ai décliné l’offre mais leur ai promis de leur envoyer la photo le jour même. Du coup, Shotaro a quand même pris le temps d’écrire son adresse email. Ils sont entrés dans un restaurant juste à côté en me faisant de grands signes et en me disant : « A bientôt ! ». Très sympas.

Cedric Riveau

1 septembre

Kazuki et Genki, 40 et 1 ans, annonce
Ils se promenaient tranquillement. Genki était plutôt timide et peureux. Kazuki m’expliqua sont travail, un travail de voix lors de conférences, de rassemblements ou de fêtes où elle faisait les annonces. Elle travaillait pour une entreprise qui l’envoyait là où elle était appelée. J’ai bien failli lui demander de me faire « la » voix d’annonce mais comme c’était après lui avoir demandé son âge et qu’elle faisait un peu la gueule, j’ai préféré la laisser tranquille…

Cedric Riveau

31 août

Mariko, 32 ans, comptable
Je lui tournais le dos dans cette rue de Kojimachi. Je me suis retourné par je-ne-sais-quelle-intuition et Mariko était juste derrière moi. Sa robe rétro avec ce vert éclatant m’a poussé à lui demander sans me poser de question, sans réfléchir. « J’peux vous prendre en photo ? » Paf ! Comme ça ! Juste après la photo, je la complimentais sur sa jolie robe et elle m’expliqua qu’elle était fan de fringues vintage, qu’elle en avait plein des comme ça, qu’elle en faisait elle-même. Alors quand je lui ai demandé qu’elle était sa période préférée et qu’elle m’a répondu la fin des années 60 et le début des années 70, j’ai failli la prendre dans mes bras. Comme je ne pouvais pas, je me suis contenté d’un « tope-là » qu’elle a fait volontiers avec moi, illustre inconnu étranger complètement excité.
Mariko retournait au bureau pour terminer ce qu’elle devait faire avant d’aller à la crèche, chercher son fils de deux ans. Elle vient et habite dans l’ouest de Tokyo, un peu loin de là où nous nous trouvions.

Cedric Riveau

30 août

Junko, 53 ans, femme au foyer
Mine de rien, parler avec une femme qui a eu quatre enfants, ça ne se voit pas forcément. La toute petit Junko est d’ailleurs bien dynamique et prend les virages franchement avec son petit vélo dont elle est très fière. Elle explique d’ailleurs qu’on la complimente souvent sur son engin. Junko allait déjeuner à Kagurazaka avec une amie, un restaurant dans une vieille maison traditionnelle mais avec une cuisine italienne. Elle avait oublié le nom et c’est dommage car ça m’intéressait. Maintenant que ses enfants sont grands, elle prend du temps pour elle, elle en profite. Elle s’est mise à étudier l’écriture scénaristique et a confirmé ce que je pensais : c’est difficile ! Elle est revenue à toute vitesse avec son vélo deux minutes après pour me demander ma carte de visite. J’ai trouvé cela amusant.

Cedric Riveau

29 août

Mari, 26 ans, accueil
Mari trottait vers la station et elle me dit en regardant sa montre qu’elle devait prendre le train de (11h)07. Je lui ai promis d’être rapide et comme nous avions encore 15 minutes, je me suis dit que ça restait possible. Elle vit chez ses parents dans ce quartier sympathique d’Ushigome mais elle est née à Aoyama. Très chic comme endroit pour naître. Elle allait travailler à Funabashi, à Chiba, et devait donc prendre le train express de 11h07. Elle est hôtesse d’accueil et l’endroit où elle travaille n’est pas très intéressant. Elle m’a fait ce grand sourire dès que j’ai sorti mon appareil et je me suis dit que j’avais affaire à une pro de la pose. Mari était très joyeuse et très dynamique.

Cedric Riveau

28 août

Uno san, 67 ans, retraité
En plein milieu de ce mardi après-midi, je fus surpris de trouver autant de monde à ce centre de paris équestres. Grâce à Uno san, je compris qu’il s’agissait d’une des quatre courses importantes de la région du Kanto et que beaucoup de gens avaient pris une journée de congé pour venir, pour jouer. Cette course se déroulait à Toyko, du côté de la baie. Il n’a pas voulu le reconnaître mais il adore les courses de chevaux. En tout cas, cela l’occupe et il vient plus pour voir les courses, faire des pronostics dans sa tête plutôt que de parier. Avant que je prenne la photo, je l’ai vu tout de même jeter son billet au sol. Il n’avait pas gagné. Il y a longtemps, il était photographe de presse et il me parla de ses anciens boitiers : un Hasselblad, un Leica… L’homme s’y connaissait et il voulait absolument inspecter mon appareil.

Cedric Riveau

27 août

Keiko, 35 ans, relations publiques
Keiko sortait de chez un client. A peine le pied posé dans la rue, je l’ai interpellée. Passée la surprise, nous avons passé un bon moment. Elle dirige une entreprise d’événements et de RP. Elle m’a surtout étonné lorsqu’elle m’a parlé des concerts une ou deux fois par an pour une ONG, sous le patronage de l’Unesco. Pas mal…

Cedric Riveau

26 août

Frères Tomiyoka, 64 et 51 ans, vêtements et accessoires voitures
La matsuri d’Azabu Juban ne battait pas encore son plein, les vendeurs préparaient leur stand et les deux frères en profitaient avant que le monde arrive. Vers 13h30, ça restait tout a fait supportable. Vers 16h, ça devenait noir de monde et il devenait difficile d’avancer dans la rue principale. Ils viennent de temps en temps, pas systématiquement. Je me suis trompé sur l’âge du plus jeune… je croyais qu’il était plus âgé. J’ai merdé… Ils sont originaires de Tokyo, d’une famille de cinq enfants avec une seule fille. Je riais tout en la plaignant. Ils étaient adorables et j’ai regretté qu’ils n’aient pas voulu discuter davantage sinon, je les aurais mis dans le livre…

Cedric Riveau

25 août

Tomoyuki, 65 ans, concierge
Avec sa chemise Titi aux allures hawaïenne, son chapeau de paille, ses lunettes de soleil de coureur du tour de France, je l’ai arrêté alors qu’il tournait à l’angle de la rue pour lui dire qu’il était très mignon avec tout ça et que je voulais le prendre en photo. Avec sa manière très discrète de s’exprimer, il a quand même bien rigolé et cela lui paraissait tellement incongru d’être pris en photo qu’il a accepté. Derrière mon objectif, j’essayais de le décontracter mais il me disait qu’il était un homme très sérieux tout en riant. Il avait de l’humour et cela se voyait. Il habite dans le quartier de Kagurazaka depuis un moment mais travaille ailleurs. Il allait faire des courses un peu plus loin mais me désigna une direction où il n’y avait pas un seul magasin avant un bon moment. Je ris mais n’insistai pas.

Cedric Riveau

24 août

Naomi et Rin, 36 ans et 5 mois, jeune maman
Groovy Naomi avec son look hip-hop avec notamment ses Nike dorées… Trop fort. Au départ, elle a refusé parce qu’elle n’était pas maquillée. Elle avait pourtant la magnifique peau des jeunes mamans et aucun maquillage n’était nécessaire. Si elle pouvait garder ses lunettes de soleil alors c’était possible. Comme c’était précisément avec ses lunettes de soleil que je l’avais vue, lunettes qui soulignaient ce côté danseuse ou dj, je lui ai dit que c’était encore mieux. Mais tout du long de la discussion, elle ne les garda pas. Naomi est coiffeuse et a travaillé 16 ans dans le salon juste au bout de cette rue… Elle habitait donc juste à côté de son lieu de travail et elle m’expliqua que c’était parce qu’elle n’était pas du tout du matin. Le petit Rin ne semblait pas perdre une miette de notre conversation car il se tournait vers sa mère ou moi à chaque fois que nous prenions la parole. Adorable.

Cedric Riveau

23 août

Masakazu, 38 ans, vente
Il avait très chaud. Il transpirait mais accepta avec plaisir. Il travaillait et allait chez un très très gros client, pas loin de là où nous nous trouvions. Il sortait de son bureau pour aller voir ce client important. Je lui ai promis de faire la photo rapidement afin d’être sûr qu’il accepte. Masakazu est originaire de Yokohama et y habite toujours. Il vient travailler dans le centre de Tokyo tous les jours. Son sourire en dit long sur son caractère : un homme sympa et plutôt cool.

Cedric Riveau

22 août

Naoto, 22 ans, étudiant
Il était 16h30 et le jeune homme revenait de déjeuner… Il retournait à l’université, juste derrière moi. En fait, il a eu à peine 10 jours de vacances cet été. Je me suis moqué de lui car il semblait être déjà un salarié. Naoto est en master de chimie et il est un spécialiste de la flore intestinale. Il est donc quasiment un biologiste. Il souffre car c’est difficile mais très intéressant. Il hésite encore sur ce qu’il voudrait faire plus tard. Soit travailler dans l’hygiène alimentaire, soit dans la pharmacologie. Très modeste et très sympathique, il était curieux et me posait plein de questions sur mon parcours, sur mon arrivée au Japon. Le fait que je parle plusieurs langues et vivent dans son pays semblaient le fasciner et il regrettait un peu de ne pas avoir assez de temps pour apprendre au moins l’anglais, pour faire un séjour linguistique ou un échange universitaire avec un pays anglophone. Il espère pouvoir le faire un jour.

Cedric Riveau

21 août

Nobuo, 43 ans, manutention
Nobuo n’a pas bougé. Pas un instant. Ses lèvres seulement. Je me trouvais dans ce quartier d’Iidabashi où il y beaucoup d’entreprises d’impression et d’édition. Nous étions dans l’une d’elle. Dans l’usine. J’ai pu faire quelques pas sous son autorité alors que ce n’était pas autorisé. Toujours est-il qu’il n’a pas fait un mouvement, qu’il n’a pas voulu sourire, qu’il a voulu rester très sérieux. Il attendait je ne sais quoi. Il fait ce métier depuis 7 ans environ. Avant il faisait autre chose, dans une autre compagnie mais il n’a rien voulu dévoiler. Déjà, il avait accepté d’être pris en photo, il ne fallait pas non plus exagérer et trop discuter. La situation était plutôt cocasse et le cadre parfait. J’étais bien content qu’il ait accepté.

Cedric Riveau

20 août

Hashimoto san, 74 ans, retraitée
Incroyable mamie avec un cœur immense sur la main. Elle a adoré l’idée de mon projet car son intérêt pour les gens, pour les aider, pour chercher en eux ce qu’ils ont de meilleur est quelque chose qu’elle fait au quotidien. Son modèle est Mère Teresa ! Elle aussi fut bénévole et a aidé les gens en difficulté. C’était même son travail. Aujourd’hui encore, elle aide des jeunes et des personnes plus âgées qu’elle. Le fait que je l’arrête pour la prendre en photo l’a beaucoup étonné car elle se considère comme tout ce qu’il y a de plus normale. De plus, elle n’était pas du tout habillée pour une photo. C’est précisément ce que je recherchais. Elle est aussi allée en Europe, en France, il y a plus de 30 ans. Comme il s’agissait d’une période où certains pays n’était pas « survolables », elle y est allée en bateau ! Elle m’a raconté un périple incroyable qui a duré plus d’un mois.
Hashimoto san m’a fasciné.

Cedric Riveau

19 août

Kanda san, 90 ans, retraitée
Quand je lui ai demandé son âge, elle m’a regardé avec son joli regard et son gentil sourire et m’a retourné la question :
– Vous me donnez combien ?
– Hmmmm 80 ?…
– 90 !
Evidemment, j’étais soufflé. Par son âge certes, mais surtout par son énergie, sa joie de vivre et sa coquetterie. Elle répéta quatre ou cinq fois qu’elle avait honte mais s’était prêtée au jeu assez facilement. Kanda san a travaillé dans l’édition toute sa vie. Elle avait 18 ans pendant la 2de guerre mondiale et dû travailler. Malgré la chaleur, elle se promenait dans cette rue commerçante d’Edogawabashi et passait d’un magasin à un autre sans but précis.

Cedric Riveau

18 août

Kanon, 15 ans, lycéenne
De bon matin, la miss se rendait à son école de cours privés. Toute guillerette, cela ne semblait pas l’embêter d’y aller si tôt, en plein milieu des vacances d’été. Son charmant visage semblait cacher une personne très sérieuse et relativement déterminée car lorsque je lui demandai si elle savait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle me regarda dans les yeux et me dit « Docteur ! » J’étais admiratif et lui souhaitais tout le plus grand courage de la terre pour faire ce magnifique métier. Elle est repartie avec son grand sourire.

Cedric Riveau

17 août

Tetsuya, 49 ans, ingénieur informatique
Il ne travaillait pas aujourd’hui et il était venu à Kanda se promener et pour faire des photos. Ça faisait longtemps qu’il n’était pas venu dans le coin et il semblait content d’y revenir. Il prenait des clichés en fonction de ses rencontres, sans but précis, sans idée en tête. Je l’ai vu mettre son Leica devant son œil droit deux fois pour prendre le paysage urbain. Tetsuya travaille à domicile à Saitama d’où il vient.

Cedric Riveau

16 août

Cathy, 23 ans, aromathérapeute
La miss ne travaillait pas aujourd’hui. Elle allait à son école de danse car à ses heures perdues, Cathy fait de la « pole dance »… mine de rien ! Cathy est justement son nom d’artiste. Plutôt sympa et dynamique, Cathy s’est prêtée au jeu très facilement. Nous avons fait la photo juste à côté de son école de danse mais elle ne m’a pas proposé de venir voir…

Cedric Riveau

15 août

Martha, 44 ans, vendeuse
Martha, c’est son prénom occidental car elle est née au Brésil. Elle fait partie de cette nombreuse diaspora japonaise de ce pays d’Amérique du Sud. Martha est rentrée au Japon il y a 6 ans lorsqu’elle s’est mariée avec un local. Sa vie est désormais ici et elle n’est pas encore retournée au Brésil depuis qu’elle est ici. Elle travaille dans ce magasin à temps partiel. Elle a aussi un fils. Toute sa famille – parents, frères et sœurs – sont encore au Brésil et a bien l’intention d’aller les voir un de ces jours.

Cedric Riveau

14 août

Satoru, 32 ans, postier
Il avait déjà ce sourire lorsque je l’ai croisé une première fois. Alors à la deuxième rencontre autour de ce parking où il avait garé sa voiture, je n’ai pas hésité. Il venait de récupérer son nouveau snowboard et le moins qu’on puisse dire est qu’il était heureux. Il n’attendait plus qu’une chose désormais : le mois de décembre pour qu’il puisse en faire à Nagano où il va plusieurs fois par an. Il avait pris une journée de repos pour venir le chercher spécialement dans un magasin de Shinjuku. Il allait par la suite mettre les fixations, le cirer lui-même. Il a commencé il y a une quinzaine d’année quand son grand frère a décidé de lui apprendre. Satoru vient de Fukushima et sa maison de famille est à 50kms de la centrale nucléaire… Il habite sur Tokyo depuis 14 ans.

Cedric Riveau